l’origine, situé autour de l’église de la Sainte Trinité, clos et muni d’une croix, il était parfois mal entretenu si l’on en juge par les travaux décidés en 1740 : extirper les arbrisseaux, construire un mur de séparation avec le terrain communal à l’est, rétablir la muraille ouest, évacuer les déblais, faire une muraille à l’entrée, du côté de la cure, pour éviter au bétail d’y pénétrer.
On y accédait par un escalier reconstruit en 1776 par Jean GALLIOT, puis refait en 1788, par Jean Claude GUEUDET, tous deux tailleurs de pierre, pour la somme de 57 livres y compris la fourniture des matériaux.
Le mur de soutènement du côté de la rue a souvent présenté des signes de faiblesse et des menaces d’affaissement dues à la poussée des terres qu’il retient. Pierre GALLET le répare en 1782 et pour son travail reçoit 16 livres. En 1785, 9 livres sont allouées aux deux frères François et Jacques GALLET pour divers travaux. En 1788, Pierre VERNIER rapièce le grillage de la porte.En 1846, le conseil prend acte du bris de la croix ayant nécessité son enlèvement.
La commune qui avait fait la dépense pour l’acquisition d’un piédestal décide qu’il est impératif de replacer une croix le plus tôt possible car « c’est une honte pour la commune de voir le cimetière dépourvu d’un objet si précieux ». La commande est passée au fondeur SAINTERRE pour 170 francs. Pierre GALLET creusera la fouille destinée à la recevoir avec son piédestal.
1856 : décision de création du nouveau cimetière.
L’espace qu’offre le cimetière autour de l’église est restreint et s’avère insuffisant. Non pas que le nombre de décès soit en augmentation, mais les habitudes ont changé. On n’inhume plus comme avant. Plus question d’entassement, chacun veut sa place. Il est donc décidé de créer un nouveau cimetière.
Monsieur BOURGON offre un terrain un peu à l’écart du village le 9 février 1856. Il s’agit d’une parcelle de terre située aux Courtots, d’une contenance de douze ares.Les choses vont très vite M. COUTET de Pouilley les Vignes en dresse le plan le 7 mars 1856 et présente le devis estimatif le 27 du même mois. Celui-ci se monte à 2 700 francs. Il prévoit un mur d’enceinte de 134,80 m. de périmètre sur 2,60 m. de hauteur dont 0,60 m. de fondation en maçonnerie ordinaire. Les matériaux seront récupérés de la démolition de vieilles maisons du village. Un portail de deux piliers encadrera une grille haute de 2,46 m. L’adjudication a lieu le 2 avril. Elle échoit à Claude François HUMBERT pour 2 154 francs et les travaux devront être achevés pour le 1er juillet 1857.
La première inhumation a lieu le 28 juillet 1858. Mais n’a t’on pas agi trop précipitamment ? Les travaux sont entrepris, sinon terminés alors que les démarches administratives n’ont pas toutes été effectuées.
Le maire et son conseil municipal voulant faire régulariser le don de M. Bourgon sollicitent auprès de M. le Préfet l’autorisation de l’accepter authentiquement au profit de la commune. Par arrêté du 16 novembre 1857, le préfet autorise la commune à accepter le don.
Cette régularisation n’a lieu que trois ans plus tard, le 12 novembre 1860. L’acte est passé devant Maitre Jean Baptiste François BRUGNON, notaire à Besançon.
Cependant, il apparait que M. BOURGON a inclus une clause qui sera source d’un conflit entre lui et la municipalité. En effet, comme condition essentielle, il se réserve ainsi qu’à sa famille, à perpétuité, une place de huit mètres sur douze dans la partie supérieure du cimetière, au centre et en face de la grille de l’entrée. Lui et sa famille auront le droit de faire toutes inhumations et pourront y élever au dessus comme au dessous du sol tous monuments funéraires sans indemnités, à charge pour eux de se conformer aux lois et règlements de la police des cimetières.
Cette dernière est alors régie par, entre autres, le décret du 23 prairial an 12 (12/5/1804), l’ordonnance du 6/12/1843 et le décret du 25/3/1852 et fixe en particulier le régime des concessions : sur la somme perçue lors de l’octroi d’une concession, un tiers est destiné aux pauvres de la commune et les deux tiers restant à celle-ci. De là viendra la difficulté.
M. BOURGON présente au préfet un mémoire en date du 15 décembre 1860, donc à peine un mois après la signature de l’acte de donation, ayant pour objet une réclamation à l’encontre la commune : M. BOURGON a fait don à la commune d’Auxon Dessous d’un terrain pour y établir un cimetière. La commune en a pris possession, l’a clos de mur et l’a transformé en cimetière. Mais l’autorité administrative, se fondant sur le décret du 23 prairial an 12, exige que la commune, à défaut de M. BOURGON, procure aux pauvres une somme équivalente à celle qu’elle aurait retirée de la concession réservée par le donateur.
Qui doit payer ? Le conseil municipal est d’avis que l’on ne peut imposer cette obligation à M. BOURGON parce que cette donation ne renferme aucune obligation pareille. De plus, le décret du 23 prairial an 12 est sans application parce qu’il s’agit de la création d’un cimetière à établir grâce à une donation avec une condition de réserve qui doit être exécutée.
En conséquence, le conseil décide que la réclamation de M. BOURGON étant fondée, M. le Maire doit y adhérer et doit faire de nouvelles démarches auprès de l’autorité administrative pour obtenir l’autorisation d’accepter purement et simplement la donation faite par M. BOURGON. Une délibération du conseil municipal l’y autorise.
La réponse de M. le Préfet n’arrive pas, pourtant il est évident que :
L’affaire passe en justice le 20 juin 1861 : le conseil ayant entière connaissance des minutes du jugement l’accepte en novembre 1861. De plus, et cela fait sourire, si la commune n’avait pas accepté le jugement, M. BOURGON en reprenant possession de son bien, se serait trouvé propriétaire du cimetière avec son contenu. Mais ces concessions qui sont à l’origine du désaccord, quels en étaient les tarifs? Il semble que dans l’ancien cimetière autour de l’église, on inhumait sans redevance.
Le 12 février 1862, la municipalité se voit dans l’obligation légale de créer trois types de concessions. Sur proposition de M. le Préfet le tarif est fixé à 30 francs le m2 pour les concessions perpétuelles, à 20 francs le m2 pour les trentenaires et à 12 francs le m2 pour les temporaires, rapidement augmentées à 15 francs.
Le différend opposant la commune à M. BOURGON étant aplani, le cimetière peut maintenant remplir en toute légalité l’office pour lequel il a été créé.
Tout semble rentrer dans l’ordre et pourtant :
Après le maire, c’est au tour d’une autre personnalité locale d’éprouver des difficultés. Il s’agit de Monsieur le curé. Sur la partie du cimetière qu’il avait réservée, M. BOURGON a fait construire une chapelle. Les travaux sont achevés en fin de l’année 1866 et il exprime auprès du prêtre, le père DESORGER, le souhait qu’elle soit consacrée pour Pâques 1867.
Quant au cimetière, il doit, afin d’offrir des sépultures chrétiennes aux paroissiens, être béni et aussi doté d’une croix.Le conseil municipal se montre d’abord réticent pour cet ornement dont la dépense incombe à la commune. Il argue l’urgence de certains travaux, en particulier à l’église, et le manque de ressources.
Cruel dilemme pour le père DESORGER. Quelle solution adopter ?
Pour ne pas mécontenter M. BOURGON : bénir la chapelle et par la même occasion le cimetière sans sa croix?
Ou la chapelle seule et plus tard le cimetière lorsqu’il sera muni de sa croix ?
Il en réfère à son supérieur Monseigneur l’archevêque en lui demandant conseil. La réponse lui parvient le 6 avril : bénir la chapelle et le cimetière même sans sa croix.
La cérémonie est prévue pour Pâques mais elle n’aura pas lieu suite au décès du gendre de M. BOURGON, le comte d’AUGICOURTLe cimetière et la chapelle seront bénis par l’abbé DESORGER à l’automne 1867.
A l’intérieur de la chapelle, la pierre d’autel sera bénie par l’abbé MUSY du doyenné de Recologne et recevra en dépôt les reliques de St Clément le 27 octobre 1910.Cessant toute résistance, le conseil municipal a trouvé les crédits nécessaires. Au cours de la séance du 22 juillet 1867, le maire a rappelé que depuis environ sept ans la commune avait fait faire son nouveau cimetière dans lequel il serait convenable d’établir suivant l’usage un christ élevé sur son piédestal. Le christ et la croix seront en fonte, peints en gris de fer relevé avec de la bronzerie blanche, le tout fixé sur un piédestal dressé au dessus de deux marches. Ce soubassement sera fait en pierres de taille provenant des carrières de Velesmes.
L’architecte DUCAS, contacté, en dresse les plans et établit le devis qui se monte à 484,20 francs pour la croix et à 752,60 francs pour le piédestal.
Le 15 février 1868 le conseil municipal vote les crédits nécessaires et demande au préfet d’autoriser deux artisans, MM. CARD et DESGOUMOIS à soumissionner. Le vicaire général de l’Archevêché, M. DARTOIS, donne son accord et demande que soit gravée sur le piédestal l’inscription ordinaire et habituelle « 0 crux ave. Apes unica » avec la date d’exécution.
La croix sur son piédestal sera en place en avril 1868.
A son décès, sa fille Henriette Irénée, veuve d’AUGICOURT, lègue à l’archevêché tous ses biens qu’elle tenait de sa famille, la chapelle comprise.
Les exécuteurs testamentaires entreprennent en avril 1894 de régulariser la donation et adressent au président de la fabrique* la proposition suivante : la fabrique de la paroisse d’Auxon Dessous sera propriétaire de la chapelle et du terrain sur laquelle elle est construite ainsi que d’une somme de 2 000 francs qui sera placée en rente sur l’état et dont les intérêts serviront à son entretien. Au reçu de cette offre, le conseil de fabrique se réunit le dimanche 22 avril pour l’étudier et prendre une décision d’acceptation ou de refus.Parallèlement à cette action, M. de JALLERANGE de l’archevêché entreprend le 20 avril une démarche auprès de M. le curé et le sollicite afin d’agir auprès du président de la fabrique*.
Ce legs ne peut se faire par suite de l’intervention de l’autorité préfectorale s’appuyant sur la nouvelle législation des cimetières. Le sol de ceux-ci appartient en propre aux communes. Les héritiers de Mme d’AUGICOURT n’ont que la jouissance de la chapelle comme pour tout autre monument funéraire. La délibération du conseil de fabrique du 6 mai 1894 est donc nulle. La difficulté sera contournée par la création d’une fondation consistant en une somme destinée à l’entretien.
Lors de l’application de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat du 9 décembre 1905, les biens de la fabrique reviendront à la commune. Et depuis, la chapelle BOURGON est bien immobilier communal.
*Une fabrique est à la fois l’ensemble des biens de la paroisse et les personnes nommées officiellement pour administrer ces biens. Les membres sont appelés fabriciens. Les fabriques disparaissent de fait à la révolution de 1789.